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Par Julien Grunberg |
March 5, 2020 |
Le fond de l’air est apocalyptique. Netflix l’avait pressenti en confiant à Jonathan Entwistle, originaire de Manchester, la réalisation de I Am Not Okay with This, série créée d’après un roman graphique de Charles Forsman. Déjà responsable de The End of the F***ing World, road movie adapté du même Forsman et marqué au fer rouge par ses deux ados fuyards et problématiques, l’Anglais désormais émigré à Los Angeles choisit cette fois l’endormie Pittsburgh pour réveiller nos soirées avachi(e)s dans le canapé. Et qu’on se le dise, avec l’androgyne Sydney (Sophia Lillis, une star est née), héroïne malgré elle, un peu gauche, invisible pour le manant mais à la personnalité remarquable, ça va décoiffer. Ça va aussi aller très vite, le temps de sept épisodes (7, un hasard ? Je ne le crois pas) courts et fermes comme une trique, bourrés d’humour et de noirceur, qui détournent et dépouillent les films de superhéros de leurs artifices en les transformant tels qu’on devrait les voir plus souvent : une réflexion sur le pouvoir et la violence, qu’elle soit subie, contenue ou irrépressible. Du divertissement avec des losers (les meilleur(e)s d’entre nous) et des neurones donc. Mais aussi, pour ne rien gâcher, une bande-son irréprochable concoctée par Graham Coxon, l’ex-guitariste de Blur. Pour l’occasion, il a même inventé un groupe de punk rock sous forte influence du Velvet, Bloodwitch, aussi cool que le personnage de Stanley Barber (Wyatt Oleff, autre comédien de génie, bébé de 16 ans susceptible de faire de l’ombre à Timothée Chalamet). OK c’est plié, devant cette série on rend les armes.